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Secteur phare de Toulouse Métropole, l’aéronautique a eu du plomb dans l’aile avec la crise sanitaire. Mais la ville rose mise sur la diversification de ses activités pour attirer de nouvelles entreprises et des investisseurs et rester attractive ! Dominique Faure, Vice-Présidente de Toulouse Métropole en charge de l’Économie, de l’Innovation et de l’Emploi, a détaillé le plan de vol sur le stand de la métropole lors du MIPIM 2022 devant une trentaine de grands noms de l’immobilier.

Avant la fin de la décennie, Toulouse dépassera probablement Lyon au classement des plus grandes villes de France et continue d’attirer bon nombre de nouveaux habitants venus pour le cadre de vie, le travail ou encore la proximité de la mer et de la montagne. « On est au centre de tout et loin de rien » confie Étienne Florentin, expert en urbanisme pour la région Occitanie qui ne regrette pas son départ de Paris pour la capitale de Haute-Garonne. Les deux métropoles d’Occitanie, Toulouse et Montpellier, attirent à elles seules plus de la moitié des nouveaux habitants de la région, une attractivité qui doit beaucoup aux opportunités économiques qu’elles offrent aux entreprises et à la qualité de vie de leurs salariés. Pourtant, la crise sanitaire a semé quelques doutes quant à l’avenir de l’économie toulousaine, jusqu’alors très dépendante du secteur aéronautique et spatial.

Fin 2021, l’INSEE publiait une étude sur la filière aérospatiale dans le Grand Sud-Ouest. Les chiffres sont vertigineux. Un quart des employés de la filière en France sont à Toulouse, représentant 15,5% de l’emploi local. D’ailleurs, plus de la moitié des emplois du géant Airbus en France sont à Toulouse Métropole où le siège social du groupe est implanté, ainsi que plusieurs services financiers, les ressources humaines, une partie des équipes d’ingénierie, d’assemblage et de production… « Avant que vous ne me posiez la question, oui nous avons été fortement touchés par la crise sanitaire en raison des difficultés de l’aéronautique civil, du tourisme, de la restauration et de l’hôtellerie » reconnaît ouvertement Dominique Faure en préambule de son intervention. Pour cette ancienne championne de tennis, ingénieure, passée par plusieurs groupes de la Tech et coach d’entreprises, pas de quoi enterrer Toulouse Métropole, bien au contraire. « Nous avons voulu, deux ans après notre élection, mener un travail intermédiaire pour repositionner notre stratégie économique en mettant l’accent sur la diversification de nos spécialités », témoigne l’élue.

Numérique, biotechnologies, mobilités innovantes…

Par diversification, entendez renforcement des atouts du territoire et mobilisation des compétences techniques et des infrastructures industrielles pour de nouveaux secteurs d’activité. « Nous avons identifié quatre enjeux majeurs pour les quatre prochaines années : intensifier nos pôles de recherche, mettre l’économie circulaire au cœur de notre modèle de développement, accompagner l’attractivité démographique avec de nouveaux services et travailler encore plus avec nos territoires voisins ».

Toulouse Métropole souhaite notamment développer massivement sa filière numérique qui emploie d’ores et déjà plus de 40.000 personnes sur le territoire, ou encore la filière des mobilités innovantes en profitant de l’expertise de l’aéronautique. Symbole d’innovation et de réinvention du secteur aéronautique, le premier avion bas carbone pourrait d’ailleurs prendre son envol depuis Toulouse avec l’implantation de la société Universal Hydrogen. « Toulouse est tout simplement le pôle mondial en matière d'aéronautique avec les principaux acteurs, (…) un écosystème qui est extrêmement riche, s’y implanter était une évidence » témoignait le natif de Toulouse Pierre Farjounel, directeur général des opérations européennes, au micro de France Bleu Toulouse. Autre secteur en plein boom, les biotechnologies pour « transformer des éléments du vivant en médicaments, en Europe, en France, et à Toulouse Métropole si possible » et structurer une nouvelle filière d’emplois, d’infrastructures et de savoir-faire. Autant de dynamiques positives et complémentaires qui dessinent peu à peu la diversification vertueuse à l’œuvre dans la ville rose.

Donner une adresse aux nouvelles filières stratégiques

« Accueillir des entreprises passe avant tout par la création d’espaces d’accueil » souligne Dominique Faure à une audience majoritairement composée de professionnels de l’immobilier. Quatre campus sont en train de voir le jour à Toulouse Métropole pour accueillir les entreprises de quatre secteurs prioritaires pour le territoire : l’aérospatial sur le Campus Toulouse Aerospace, les biotechnologies sur Campus de l’Oncopole, les nouvelles mobilités sur le Campus Francazal et enfin le numérique sur le Campus Grand Matabiau.

L’attractivité économique de Toulouse Métropole en quatre campus
 

Au sud-est de la ville, autour des sites historiques de l’aérospatial, le Campus Toulouse Aerospace va devenir un quartier d’innovation au rayonnement européen, intégrant le campus dans la ville et la ville dans le campus. 53 hectares pour accueillir plus de 190.000 m2 de bureaux et d’activités, 50.000 m2 dédiés à la recherche et à l’enseignement supérieur mais aussi 80.000 m2 de logements pour permettre aux étudiants et à tous les collaborateurs des entreprises du site de vivre dans le quartier. Airbus y possède d’ailleurs plusieurs sites et le quartier fait partie des étapes incontournables pour les visiteurs avec la Halle de la Machine.

Le célèbre Minotaure de la Halle de la Machine à Toulouse ©Wikimedia Commons

Plus à l’Ouest, le campus de l’Oncopole doit à terme devenir le campus « Santé du Futur » structuré autour du centre international de lutte contre le cancer. Plus de 5.000 professionnels (chercheurs, médecins, entrepreneurs…) occupent déjà le site où un brevet est publié chaque mois dans la recherche médicale et des sciences du vivant. « L’objectif est d’atteindre les 15.000 emplois grâce au développement des entreprises déjà installées comme le spécialiste allemand de la biotech, Evotech, qui fait construire une usine de 12.000 m2 » se réjouit Dominique Faure. Ce n’est pas le foncier qui manque sur ce site investi par la métropole pour y créer de nouvelles formes de mobilités, des parcs mais aussi des équipements publics pour animer quartier et proposer de nouveaux services.

Le Campus Santé du Futur - Oncopole ©Toulouse Métropole

Plus à l’Ouest encore, l’ancienne base militaire de Francazal laissée à l’abandon sans véritable projet de conversion verra naître un campus dédié aux nouvelles mobilités. « Personne ne savait vraiment quoi faire de ce site qui dispose pourtant de nombreux atouts pour les entreprises qui souhaiteraient faire des tests de leurs appareils sur les pistes ou dans les grands entrepôts ». Le groupe Continental s’y est installé, de même que la société Easymile, une start-up high-tech spécialisée dans la fourniture de logiciels autonomisant les véhicules autonomes et les solutions de mobilité intelligente du dernier kilomètre. Un bel exemple de recyclage urbain au service du développement économique pour faire de Toulouse Métropole un territoire pionnier des mobilités, avec des tests sur site, et bientôt en ville.

Portes ouvertes organisées sur le site de Francazal en 1963 ©Wikimedia Commons

Enfin, le cœur de ville de Toulouse n’est pas laissé à l’écart des stratégies de développement économique, bien au contraire. « Investir dans le tertiaire en centre-ville est le meilleur moyen de créer une dynamique positive pour les commerçants et restaurateurs de la ville » affirme Dominique Faure. Le Campus Grand Matabiau, situé autour de la gare, aura cette vocation avec « 250.000 m2 de tertiaire dont 50.000 m2 réservés pour le développement d’activités liées au numérique, à l’intelligence artificielle et à la cyber sécurité ». « Ce secteur est en développement partout et les entreprises cherchent à faire écosystème, c’est ce que nous essayons de proposer sur ce campus en centre-ville. La plupart des jeunes entrepreneurs souhaitent d’ailleurs s’implanter en centre-ville, c’est pourquoi nous avons décidé de créer des ateliers de prototypage en plus des espaces de bureaux pour y tester des robots et autres types de machines ». Porté par ces nouveaux secteurs en pleine croissance, Toulouse Métropole semble prête au décollage pour accueillir les entreprises les plus innovantes et leurs collaborateurs en quête d’une meilleure qualité de vie.

La gare de Toulouse Matabiau au cœur du futur campus ©Toulouse Métropole

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