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Présentée comme une solution immobilière pendant le Covid, la sous-location est devenue un levier pour les entreprises, au point de peut-être devenir une des clés de la gestion des bureaux de demain. Entretien avec Mehdi Dziri, Directeur Général d’Ubiq.

 

Pendant le Covid, la sous-location de bureaux était une solution pour les entreprises. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

 

Mehdi Dziri : Lors de la crise sanitaire de nombreuses entreprises ont été contraintes de sous louer leurs bureaux, ces derniers s’étant vidés d’un coup. Depuis, l’usage des bureaux a évolué et le télétravail s’est développé. Plus qu’une solution, la sous-location est aujourd’hui un usage qui s’est créé, une carte que l’on peut jouer au gré de l’activité et des besoins, pour rendre plus flexible l’immobilier.

La sous-location est un vrai levier. Nous le voyons clairement sur notre plateforme : les deux dernières années, nous avons eu une croissance de l’offre de sous-location de 50 % par an. Cet intérêt pour la sous-location reflète aussi le contexte macroéconomique, avec le besoin des entreprises de gagner en flexibilité, de faire des économies, d’identifier des sources de revenus additionnels ou des sources d’économies potentielles.

 

Certaines entreprises utilisent même la sous-location comme une vraie stratégie immobilière. Pourquoi ?

 

Mehdi Dziri : Par définition, l’immobilier est assez immobile et inflexible. Alors, qu’au contraire, les entreprises ont besoin de plus en plus de flexibilité. Elles veulent pouvoir ajuster en temps réel la capacité d’accueil des bureaux à la croissance de l’activité et des effectifs. C’est pour cette raison que, pour certaines entreprises, la sous-location est devenue une stratégie. Elles acquièrent des bureaux trop grands, pour éviter de redéménager par la suite, et comptent sur la sous-location pour amortir le surplus de loyer. C’est ce qu’a fait Blablacar pour son nouveau siège à Bastille. Dès le départ, ils ont envisagé de sous louer quasiment 200 postes de travail répartis sur deux plateaux totalement indépendants. Ils récupèrent ensuite les bureaux au gré de leurs besoins. Welcome to the Jungle aussi a recours à la sous-location sur son nouvel immeuble, Payfit également. Si c’est surtout l’apanage des entreprises très agiles, il y a aussi des entreprises plus traditionnelles, mais qui voient leur activité évoluer, qui ont recours à la sous-location.

 

Outre l’avantage de la flexibilité, quels sont les autres avantages de la sous-location ?

 

Mehdi Dziri : Associées à la flexibilité, nous retrouvons les économies de coûts. Dans un contexte où les bureaux coûtent cher, chaque poste payé alors qu’il n’est pas utilisé est une source d’économie potentielle. Il y a aussi un vrai sujet environnemental. C’est un non-sens écologique d’avoir des bâtiments qui sont sous-exploités. Enfin, certainement, la plus grande richesse de la sous-location c’est la synergie qu’elle offre. C’est une source de partage entre les entreprises. La sous-location permet de créer des communautés, de l’échange, de la collaboration et de créer des opportunités.

 

Et les inconvénients ?

 

Mehdi Dziri : Je n’en vois pas beaucoup. Le gros sujet serait, pour certaines entreprises, l’affirmation d’une identité, d’une culture d’entreprise. Souvent, quand deux entreprises partagent des bureaux, avec un locataire principal et un sous-locataire, il y a une identité de marque qui ressort. Le sous-locataire peut, parfois, avoir l’impression de moins se retrouver.

 

Que faut-il savoir avant de se lancer dans la sous-location de ses bureaux ?

 

Mehdi Dziri : Il y a quelques bonnes pratiques à mettre en place. D’abord, il faut avoir le droit de le faire. Le locataire principal doit demander l’autorisation à son bailleur. Il faut ensuite réfléchir à l’aménagement et au type d’espace que l’on va pouvoir partager. Il est possible de louer une partie indépendante et autonome mais, en général, là où il y a le plus de création de valeur c’est lorsqu’on sous-loue les postes d’à côté.

 

Comment imaginez-vous l’avenir de la sous-location de bureaux ?

 

Mehdi Dziri : La sous-location de bureau est aujourd’hui une manière de partager le bureau, mais il y en aura sûrement d’autres demain. Ce qui est certain c’est que le bureau va devoir gagner en agilité, en flexibilité. La manière dont on consomme les mètres carrés aujourd’hui ne reflète plus vraiment la manière de travailler des entreprises.

Les salles de sport, les réfectoires, les terrasses, les rooftop… Ce sont des espaces que les entreprises vont avoir du mal à se payer uniquement pour elles-mêmes. La mutualisation des espaces communs sera la clé du bureau de demain. Nous allons basculer vers une logique où nous n’achetons plus des mètres carrés mais des postes de travail. Demain, potentiellement, nous serons tous, d’une certaine manière, opérateurs de bureaux.