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Crédit photo : © ©Alexandre Besson pour Baumschlager Eberle Architekten

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Les bâtiments bas carbone, notamment grâce à leur faible consommation énergétique, sont un investissement sûr et rentable. D’autant plus que la règlementation environnementale se durcit dans l’immobilier.

 

Il avait, depuis 2016, son propre label. Désormais, avec le Sibca, c’est un salon tout entier qui lui est consacré chaque année. Pas de doute, l’immeuble bas-carbone a la cote. Il faut dire que son avènement était attendu de longue date dans le secteur du bâtiment, consommant chaque année 43 % de l’énergie en France et émettant 23 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, selon le ministère de la Transition écologique. Il devenait urgent d’agir.

Mais qu’appelle-t-on, en l’absence de nomenclature officielle, un immeuble bas-carbone ? « C’est un bâtiment qui utilise lors de la phase construction des matériaux émettant le moins de CO2 possible, par exemple du bois à la place du béton, explique Anthony Bechu, directeur du développement chez Nexity Immobilier d’Entreprise. Il est aussi construit de manière à consommer le moins d’énergie possible lors de sa phase d’exploitation ».

Pour l’association Bâtiment Bas Carbone (BBCA) et gardienne du fameux label, selon le niveau de certification atteint – standard, performance ou excellence –, un immeuble bas carbone doit émettre entre 15 et 45 % de CO2 en moins qu’un bâtiment construit avec des méthodes traditionnelles. Et à l’heure de la transition écologique et du durcissement de la règlementation environnementale, l’immeuble bas-carbone fait figure de placement de choix pour les investisseurs.

 

Immeuble bas carbone, une valeur sûre pour les investisseurs

« Cela fait 10-15 ans que les investisseurs s’intéressent aux bâtiments à énergie positive, qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment grâce à la production d’ENR grâce aux panneaux photovoltaiques, à la géothermie, ou encore les chaudières biomasse, indique Anthony Bechu. Le volet bas-carbone est une évolution logique de cet intérêt ». S’ils coûtent plus chers à construire, l’investissement dans ces bâtiments est en effet largement rentable sur la longue durée grâce aux économies d’énergies réalisées lors de l’exploitation.

Mais outre l’avantage financier, l’immeuble bas-carbone présente un certain intérêt en matière d’image de l’entreprise. « Ce sont désormais des produits qui font partie intégrante des politiques RSE des sociétés d’investissement, assure le directeur du développement chez Nexity Immobilier d’Entreprise. Ils permettent de communiquer positivement, de montrer qu’on participe à l’effort collectif. C’est aussi une marque employeur pour pouvoir continuer à attirer les talents et les nouveaux entrants sur le marché du travail, pour qui le critère environnemental est de plus en plus important ». Surtout, avec des procédés de construction désormais maîtrisés, l’investissement présente peu de risque.

 

Durcissement de la réglementation

L’investissement dans l’immeuble bas-carbone s’avère d’autant plus intéressant que les pouvoirs publics incitent de plus en plus fort à la construction moins impactante pour l’environnement. Côté carotte, des dispositifs de la loi ELAN, promulguée en 2018, permettent aux promoteurs d’agrandir la surface construite si les bâtiments répondent à des critères écologiques. Côté bâton, la loi tend à se durcir. Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, la nouvelle règlementation encadrant la construction de bâtiments neufs, la fameuse RE2020, oblige ainsi les entreprises de BTP à réduire par pallier l’empreinte carbone des bâtiments jusqu’à une diminution de 30 % d’ici 2030.

En outre, le décret tertiaire, entré en vigueur en octobre 2019, oblige réglementairement les propriétaires et locataires d’établissement de plus de 1.000 m2 abritant des activités tertiaires à réduire leur consommation d’énergie. « Concrètement, et même si elle n’est pas encore dissuasive pour le moment, une pénalité est appliquée à ceux qui ne respectent pas ces nouveaux critères, explique Anthony Bechu. En outre, on s’attend à ce que dans un avenir proche, la nouvelle taxonomie européenne accentue grandement le développement des immeubles bas-carbone ».

L’investissement dans de tels bâtiments est donc à la fois intéressant et nécessaire, et cette donnée explique la forte croissance de ce marché : selon l’association BBCA, en 2022, 450 opérations totalisant 3 millions de m2 étaient engagées dans une démarche bas-carbone, soit une progression de 55 % depuis 2021. Une bonne nouvelle pour les investisseurs…et pour la planète.