Stream Building : un bâtiment prototype du Grand Paris du XXIème siècle

Pour tous ceux qui ont connu cette grande friche ferroviaire de 54 hectares en lisière de périphérique à la jonction entre le 17ème arrondissement de Paris et Clichy, le changement de décor est radical. L’immense tour de 38 étages du « TGI », ou Tribunal de Grande Instance, a pris place en 2018 au cœur d’un quartier en pleine transformation bientôt investi par des salariés de bureaux et habitants autour d’un nouveau projet emblématique et manifeste de la « ville métabolisme » : Stream Building.

La volonté de la ville de Paris avec l’appel à projets « Réinventer Paris » était de créer des coutures entre Paris et la Métropole, avec des signatures architecturales préfigurant de nouveaux usages tout en exploitant des espaces en marge. Une volonté qui se réalise avec des projets livrés (Morland, La ferme du rail, Edison Lite et Bains-douches&CO) et d’autres à venir comme l’immeuble mixte de bureaux, hôtellerie et commerces, Stream Building (16.000 m2). « C’est un projet qui répond à un enjeu métropolitain d’invention du Grand Paris du XXIème siècle » témoigne Philippe Chiambaretta, architecte-fondateur de l’agence PCA-STREAM, en charge du projet.

En effet, « le futur quartier sera au cœur de la métropole avec les lignes 13 et 14 qui assurent l’une des dessertes les plus importantes de la métropole et par la même occasion une attractivité exceptionnelle » selon Benoît Fragu, Directeur du développement de Covivio. Une opportunité que n’a pas manqué de saisir le leader français du cloud OVH qui installera ses bureaux dans l’immeuble Stream Building pour accueillir ses salariés, partenaires et clients en profitant « de l’écosystème naturel du bâtiment » avec l’enseigne hôtelière Zoku, un quatre étoiles de 109 chambres qui propose notamment des long stay avec bureau et cuisine. « Ce bâtiment est extrêmement adapté à une entreprise qui a besoin d’accueillir » renchérit Benoît Fragu. Pour preuve de cette attractivité, 100% des bureaux ont été loués avant la livraison du projet.

La mixité du bâtiment, avec la présence de commerces, de restaurants, d’un hôtel, d’un coworking et même d’une ferme urbaine permet de créer une vraie vie de quartier. « Les salariés de bureaux iront faire leurs courses dans les futurs commerces avant de rentrer chez eux en métro, les visiteurs du TGI qui viennent parfois plusieurs jours pour les audiences pourront se loger et se restaurer et les habitants des quartiers alentours pourront bénéficier d’offres complémentaires et d’espaces publics de qualité avec des traversées piétonnes facilités au quotidien ».

Tout en longueur, Stream Building est constitué « d’une seule et même trame qui permet d’accueillir toutes les fonctionnalités du bâtiment » analyse Benoît Fragu. Cette façade cache une multitude d’usages du bâtiment « complètement réversible ». Ce projet, imaginé dès 2016, est préfigurateur des nouveaux usages post-covid avec des espaces de travail et des services pensés pour accueillir des salariés qui ne travaillent pas exclusivement depuis le bureau. « C’est un projet qui a inventé des choses avant qu’elles n’entrent dans les mœurs » avec des open spaces en flex office, un café-coworking ouvert aux personnes extérieures, des services de conciergerie, des circulations verticales qui encouragent le mouvement… « Un bâtiment universel pour des usages singuliers » résume Philippe Chiambaretta dont le projet est une application de dix ans de recherche de l’agence PCA-STREAM. Au-delà des espaces de bureaux et des commerces, un rooftop est ouvert au public et permet aux visiteurs de venir se restaurer en terrasse avec un système de façade qui limite les nuisances du périphérique et offre une vue imprenable sur le quartier. Une partie des espaces a même été l’objet d’une consultation des riverains qui ont pu choisir leur commerce et qui ont opté pour un kiosque à journaux qui manquait dans le quartier.

Pour s’adapter durablement à l’évolution de nos modes de vie, le bâtiment est pensé comme un organisme qui métabolise ses déchets et les transforme en ressources. Il met l’agriculture urbaine au service des circuits courts. Cultivé en façade, le houblon, qui assure une protection thermique du bâtiment, est brassé sur place pour produire une bière ultra-locale qui est commercialisée au Stream Café (20.000 litres produits par an et distribués sur place).

En toiture, un potager de 1.200 m² se déploie - grâce au compost des déchets de l’immeuble. Enfin, la production photovoltaïque couvre une grande partie des besoins énergétiques du bâtiment.

Durant toute une partie de la période de travaux, « l’ossature bois du bâtiment était visible depuis le périphérique » se rappelle Benoît Fragu. Le recours au bois, majoritairement extrait dans des forêts de l’hexagone, permet de réduire drastiquement l’empreinte carbone de la construction : deux fois moins émetteur que le béton, cent-trente fois moins que l’acier.

« Une ossature bois sur un immeuble de cette taille dans Paris, ce n’était pas un petit défi » assure Benoît Fragu. Stream Building a d’ailleurs été l’un des premiers immeubles labélisé BBCA. Une révolution tant environnementale qu’urbaine pour « une nouvelle porte de Clichy qui donne envie ».