À l’Hôtel de la Marine, ces coworkers travaillent dans l’un des plus beaux monuments de Paris

Crédit photo : © Morning

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Place de la Concorde, l’hôtel de la Marine s’élève avec ses colonnes et sa grande façade classique. Un monument historique qui n’a rien d’ordinaire, surtout lorsque l’on s’aventure derrière la grande porte du 4 rue Royale où Morning a aménagé 6.000 m2 d’espaces de coworking. Quelques mois après la visite officielle d’Emmanuel Macron, reportage dans ce lieu unique et chargé d’histoire au cœur de Paris où des centaines de personnes viennent travailler tous les jours.

« La vue est quand même sympa » nous lance Alessandro Volpi, le manager du site de coworking Morning de l’hôtel de la Marine. Construit entre 1757 et 1774 à la demande de Louis XV pour affirmer son pouvoir et consolider la place de la France comme grande puissance économique, ce palais au style classique a successivement accueilli le Garde-Meuble de la Couronne, l’hôtel de la Marine - symbole de la grandeur de l’Empire et, jusqu’en 2015, les quartiers généraux du ministère de la Marine. Près de 250 ans après sa construction, ce monument historique de Paris et de l’histoire de France se révèle au grand public avec un espace de coworking, un restaurant et un musée.

Des centaines de salariés, de chefs d’entreprises et leurs visiteurs fréquentent l’espace de coworking. C’est le cas de Christophe Thoral, cofondateur de ANCA - A New Creative Alliance (une structure destinée à investir dans des sociétés de production et à les accompagner pour accélérer leur développement) et ancien dirigeant d’un grand groupe du secteur audiovisuel pour qui il ne faisait aucun doute que son activité débuterait ici. « Nous avons visité les lieux avec des plans en mains et des chaussures de chantier aux pieds. Il y a une âme évidente dans ce lieu avec un mariage entre lieu historique et une décoration contemporaine parfaitement adaptée aux nouveaux modes de travail. ».

Morning Concorde a ouvert son espace de coworking au cours de l'année 2021. - Crédit Benoit Drouet (Morning)

Mais pourquoi venir dans un hôtel particulier pour avoir accès à des bureaux dans un espace de travail partagé ? Pour Alessandro Volpi, les dimensions de « représentation » et de « prestige » sont essentielles pour certaines entreprises et le site répond à ces besoins. « Avec mon associée nous rencontrons beaucoup de monde, il ne se passe pas une journée sans un rendez-vous ici et forcément c’est un plaisir pour eux de venir ici » reconnaît Christophe Thoral. « C’est une forme d’investissement pour nous car nous sommes une jeune entreprise. L’avantage ici c’est qu’avec moins de mètres carrés privatisés nous avons accès à des équipements et services que nous ne pourrions pas nous offrir dans des bureaux traditionnels. ».

Une petite révolution pour cet ancien dirigeant d’un grand groupe audiovisuel dont les 7.000 mètres carrés de bureaux sont situés à Boulogne. « C’est une culture complètement différente, j’avais cinq à six comités par jour, des réunions très institutionnelles alors qu’ici on passe bien plus de temps dans les espaces partagés, on fait des connaissances, on apprend à connaître ce que font les personnes qui travaillent ici ».

Le meilleur des deux mondes du coworking et des monuments historiques

Parmi les voisins de Christophe Thoral et de sa société, des entrepreneurs indépendants, des petites entreprises comme de grandes institutions internationales. La FIFA (Fédération Internationale de Football) y a par exemple installé ses bureaux parisiens. « Même le Président de la République a son badge » ne plaisante qu’à moitié Alessandro qui avait fait visiter les lieux à Emmanuel Macron pour l’inauguration. « Il ne faut pas se fier aux moulures et autres dorures car il n’y a rien d’élitiste à venir travailler ici, il y a beaucoup de jeunes et l’ambiance est très conviviale ». Et il n’y a qu’à regarder autour de nous pour s’en rendre compte, beaucoup partagent un café et des chouquettes dans les canapés et petites tables hautes, vue sur la place de la Concorde et son Obélisque.

Le site de Morning Concorde accueille près de 600 personnes tous les jours et une trentaine d’entreprises, une révolution pour cet espace qui abritait les bureaux de l’administration de la Marine. Bureaux individuels, grands espaces partagés pour le travail collaboratif comme pour la détente et les rencontres, comptoir café, conciergerie… Rien à voir avec les salons, appartements et antichambres de ce qui fut l’un des hauts lieux de la diplomatie française. « C’est très agréable et valorisant de venir tous les jours dans ce lieu chargé d’histoire, rien à voir avec les périodes de confinement passés derrière nos ordinateurs qui ont montré les limites du télétravail depuis le domicile pour un entrepreneur qui monte son projet » témoigne Christophe Thoral.
 
Pour autant, la transformation des 6.000 m2 n’a pas été simple dans ce bâtiment classé aux « Monuments historiques » de France et géré par le Centre des Monuments Nationaux. « Il faut bien s’imaginer que nous sommes au-dessus de grands salons d’apparat, que la plupart des parquets sont classés, de même que certaines portes donc le simple fait de créer des sanitaires implique des restructurations très complexes » témoigne Alessandro. « C’est un peu comme rénover puis entretenir un musée, c’est un défi car non seulement il y a beaucoup à préserver mais il s’agit d’espaces qui doivent accueillir du public ». Une pratique qui pourrait bien s’étendre alors que le Centre des monuments nationaux a lancé une consultation pour ouvrir des tiers-lieux dans certains de ses sites historiques.
 
L’objectif au sein de l’hôtel de la Marine comme dans de futurs sites historiques amenés à se transformer pour adopter de nouveaux usages sans être dénaturés est bel et bien de participer au financement de leur rénovation tout en accueillant de larges publics qui n’ont traditionnellement pas accès à de tels lieux au quotidien. « Au début et c’est encore parfois le cas, des personnes viennent simplement pour visiter et découvrir le lieu, la vue. Rentrer dans les coulisses de l’hôtel de la Marine n’a rien d’anodin » rapporte Alessandro Volpi. « Se dire qu’on peut offrir à n’importe quelle entreprise et leurs salariés des espaces de standing dans un monument de la capitale est très enthousiasmant ». Serez-vous le prochain ?