La valeur d’usage est au cœur de la rénovation de la Maison de la Radio et de la Musique

Crédit photo : © Radio France / Christophe Abramowitz

Lecture 5 Minutes

Préserver la patte architecturale d’Henry Bernard et donner à Radio France une meilleure valeur d’usage : c’est à ce double défi que répond le projet de réhabilitation de la Maison de la Radio et de la Musique.

« Préserver la patte architecturale d’Henry Bernard et donner à Radio France une meilleure valeur d’usage : c’est à ce double défi que répond le projet de réhabilitation de la Maison de la Radio et de la Musique, en réorganisant les parties internes de l’édifice tout en conservant ses façades extérieures. » Telle est l’ambition d’un des programmes immobiliers les plus importants de la capitale française selon SRA Architectes, agence qui a succédé à Architecture Studio dans le pilotage du projet. Gros plan sur un chantier hors norme avec la responsable du projet à la Maison de la Radio et de la Musique.

Au 116 avenue du Président Kennedy à Paris, se joue l’un des plus grands chantiers immobiliers de la capitale. À savoir : la réhabilitation, en site occupé et par phases successives, des 100 000 mètres carrés de la Maison de la Radio et de la Musique. Sous l’égide de SRA Architectes – agence qui a succédé à Architecture Studio dans le pilotage du projet – cette opération vise à « préserver la patte architecturale d’Henry Bernard et à donner à Radio France une meilleure valeur d’usage ». Un projet dont l’origine remonte presque à 20 ans. « Le point de départ est un audit mené en 2003 qui a conduit la Préfecture de Police de Paris à constater une insuffisance critique de résistance au feu des structures de la Maison de la Radio », relate Sidonie Guénin, directrice de la Réhabilitation de Radio France.
 
En conséquence, le Préfet de Paris de l’époque émet un avis défavorable à la poursuite de l’occupation de la tour, autorisant Radio France à poursuivre l’exploitation sous réserve de lancer sans délai une opération d’ampleur. « Le chantier de réhabilitation a donc nécessité un remaniement en profondeur du bâtiment. » Surtout, Radio France a saisi l’opportunité de cette mise en sécurité de l’édifice pour conduire une réhabilitation fonctionnelle d’ampleur afin d’ancrer la Maison Ronde dans le XXIe siècle – tout en faisant en sorte que ces travaux aient un apport positif pour les différents publics ainsi que les salariés.

Une rénovation de la Maison de la Radio pour 493 M€

Cette rénovation de la Maison de la Radio et de la Musique a permis d’ouvrir « davantage » la Maison Ronde sur l’extérieur, de valoriser des lieux atypiques et d’en proposer de nouveaux, plus variés, aux visiteurs. Les travaux – qui ont nécessité un investissement de 493 M€ – ont permis des réalisations d’envergure pour accroître notamment l’offre culturelle de la Maison Ronde et améliorer la qualité de ses productions radiophoniques, en particulier : la construction de l'Auditorium (1461 places) et la rénovation du Studio 104 de Radio France ; le réaménagement paysager des abords et la construction d'un parking souterrain sur cinq niveaux. Mais également la redistribution des grandes circulations, avec la création d’une agora, d’une rue intérieure (la « nef ») et de quatre passerelles pour fluidifier les circulations et rendre la Maison Ronde plus accueillante. La restauration patrimoniale et la mise en valeur des emblématiques foyers situés dans la couronne extérieure fait également partie de cette opération, tout comme la modernisation des outils, des moyens techniques et des moyens de production radiophoniques des antennes ou encore la refonte et remise aux normes de tous les espaces tertiaires et techniques.

« L’ampleur de la réhabilitation de la Maison de la Radio et de la Musique en fait ainsi l’un des chantiers majeurs du siècle, poursuit Sidonie Guénin. Dans un site occupé, en moins de 15 ans, nous n’avons pas simplement réhabilité le bâtiment, nous avons rebâti la Maison de la Radio et de la Musique. »

Radio France / Christophe Abramowitz

Améliorer la valeur d’usage

Ce vaste projet de rénovation des 100 000 m² de la Maison de la Radio et de la Musique – laquelle a été inaugurée en 1963 – porte aussi l’ambition d’améliorer la valeur d’usage de ses occupants. « Nous portons une grande attention à l’aménagement des espaces afin qu’ils répondent au mieux aux besoins exprimés par les antennes et les directions. L’agencement des espaces de bureaux, relativement classique, ne diffère pas de ce dont nous avons d’ores et déjà l’habitude dans la Maison Ronde : les espaces sont soit paysagers, soit cloisonnés en bureaux vitrés ou semi-vitrés, car nous voulons préserver une large diffusion de la lumière naturelle dans la circulation centrale des espaces. »

Ce programme de réhabilitation a également permis de retravailler tous les espaces techniques et radiophoniques pour améliorer la qualité des productions et permettre aux collaborateurs de travailler avec des outils de pointe. « Ce qui est remarquable dans ce bâti, c’est sa structure très efficace, sa distribution très bien pensée à l’origine par Henry Bernard qui permet de le réhabiliter sans endommager sa puissance architecturale, estime Sidonie Guénin. Quoi qu’il en soit, l’objectif a été de mettre à disposition des salariés de Radio France des espaces et des moyens radiophoniques réhabilités, modernisés et sécurisés, tout en accompagnant la transformation numérique de Radio France, réalisée en parallèle. On fait de la radio d’aujourd’hui dans des espaces modernes mais sans renier le passé. »

Radio France / Christophe Abramowitz

Un retour des entités débuté en 2019

Quatorze ans après les premiers travaux en site occupé de la Maison de la Radio et de la Musique, la moitié des espaces de bureau réhabilités est aujourd’hui occupée. « Les usagers sont nécessairement exigeants, mais apprécient la qualité de vie dans les murs, les nouvelles circulations, les espaces de convivialité et en oublient presque comment on vivait avant », abonde Sidonie Guénin. L’appropriation me semble plus facile quand on conserve les fondamentaux qui font l’âme d’un bâtiment. » Autre point fondamental de l’adaptation à l’usage qui se heurte parfois aux difficultés techniques d’un site aussi grand : le confort thermique. L’usager d’aujourd’hui doit donc parfois composer avec les efforts d’un bâtiment en rodage. « Notre enjeu des prochains mois sera également de faire comprendre que le chauffage à 19°C l’hiver n’est pas un dysfonctionnement ! »

L’organisation du retour définitif de toutes les entités de Radio France dans la Maison Ronde – un projet prénommé Retrouvailles – a débuté à l’automne 2019. Son objectif ? Préparer l’installation définitive de l’ensemble des antennes et directions de Radio France dans la Maison Ronde, lorsque le chantier de réhabilitation sera terminé, « ce qui est imminent » précise la directrice de la Réhabilitation de Radio France. Pour ce faire, un travail de concertation quotidien et de ‘‘longue haleine’’ a été opéré en lien étroit avec la direction de la Réhabilitation (DRHB), la direction de l’Établissement (DE) et la direction Technique et des Systèmes d’Information (DTSI). « La subtilité réside dans le fait que Radio France héberge des services avec des besoins très différents, mais partageant une identité commune. Donc il faut à la fois être équitables, tout en s’adaptant aux particularités. »

Une charte de chantier vert

Ce projet s’inscrit-il dans le contexte actuel de sobriété énergétique des bâtiments ? « Il faut savoir que le chantier de réhabilitation a fait l’objet d’une charte de chantier vert, répond Sidonie Guénin. Dans ce chantier, je retiendrai six aspects qui, entre autres, me paraissent importants dans l’amélioration de la performance environnementale du bâtiment. » À savoir : la création d'installations contemporaines de géothermie ; la végétalisation des toitures des studios de création ; la création de grands parvis paysagers pour lutter contre les îlots de chaleur ; la refonte de l’éclairage ; la mise en place d’une GTB (Gestion Technique du Bâtiment) ; l’amélioration de la performance thermique des façades de la tour et de la petite couronne. « Rappelons également que réutiliser un bâtiment existant est quelque chose de vertueux puisqu’il n’est pas détruit pour être reconstruit et que cela consomme de fait moins de matériaux. »

Parmi les prochaines étapes de ce projet de réhabilitation de la Maison de la Radio et de la Musique figurent la réception des espaces et la passation à l’exploitant, l’emménagement progressif des antennes et des personnels ou encore la poursuite des travaux des 14 studios de création jusqu’à horizon 2025. Sans oublier l’aménagement final des abords avec leur remise en état et leur paysagement à partir de 2024. Une fois ce complexe totalement renouvelé, comment sera opéré le pilotage immobilier ? « Ce bâtiment est un organisme vivant, stipule Sidonie Guénin. Il y a bien entendu un programme pluriannuel d’investissement et de maintenance, qui doit prendre en compte tous les nouveaux équipements réalisés dans le cadre des travaux. Mais cela n’a pas attendu la livraison de la dernière phase, puisque les deux tiers de la Maison sont en service. Certaines phases ont plus de dix ans et font l’objet de travaux réguliers. C’est toujours difficile à faire comprendre à des usagers qui pensent qu’une fois qu’on a réhabilité c’est terminé. » Et de rappeler à juste titre : « Un bâtiment, c’est vivant et cela nécessite de l’entretien de façon régulière. »

Note d'informations

La rénovation de la Maison de la Radio et de la Musique :

  • Architectes du bâtiment : Henry Bernard et Architecturestudio
  • Maîtrise d’œuvre de conception et de réalisation (Phases 0 à 2) : menée par Architecturestudio (architecte) et Jacobs
  • Maîtrise d’œuvre de réalisation (Phases 3 et 4) : menée par SRA architectes et Egis

Profitez de notre offre d'accompagnement en économie d'énergie